J'ai appris le décès de Monsieur de Waal ce matin et depuis, j'ai le coeur lourd.
Je vous ai découvert, cher Monsieur de Waal, éminent primatologue, il y a une quinzaine d'années en découvrant votre ouvrage "L'âge de l'empathie" par hasard dans une librairie. Vos anecdotes provenant de nombreuses années passées au contact de nos chers cousins primates m'ont passionnées et les enseignements que vous en avez tiré sur notre propre nature ont fait immédiatement écho à ce que je pensais personnellement de nous, êtres humains . Votre vision de l'humanité , bien que parfaitement lucide quant à nos côtés sombres, restait pourtant profondément optimiste. Nous ne sommes pas des "nains de jardin recouverts d'un vernis"; êtres égoïstes sous une fine pellicule de bonté, mais bien "des poupées russes"; un tas de couches empathiques de plus en plus élaborées. Ainsi, toutes ces années d'études et de recherches scientifiques pointues vous ont amené à un discours philosophique nous permettant de mieux nous cerner, nous les chimpanzés bipolaires. A partir de là, j'ai attendu impatiemment chacun de vos nouveaux ouvrages que j'ai dévoré avec la même avidité. Quel bonheur de découvrir dans les mots d'un autre ce que l'on pense et ce dont on est convaincu jusqu'aux tripes! Maintes fois, j'ai songé à vous écrire. Je me débrouille en anglais mais pas suffisamment pour exprimer clairement toute l'estime et l'admiration que j'ai pour vous. Cette barrière de la langue me freinait. Et puis, un jour, j'ai découvert une interview où vous parliez français. Mon coeur a fait un bond dans ma poitrine. Je pouvais vous écrire dans ma langue maternelle, vous comprendriez. Et pour cause : votre épouse bien-aimée est française !Mais j'ai remis à plus tard et le temps a passé, jusqu'à cet affreux matin où j'ai compris que j'avais perdu à jamais l'occasion de découvrir de nouveaux ouvrages de vous, de suivre votre page facebook, votre actualité, et surtout perdu à jamais la possibilité de vous écrire.
Mais aujourd'hui, chère Catherine, vous m'offrez cette merveilleuse et inespérée opportunité de lui écrire. Et je le fais en français car vous me comprendrez vous aussi. Je vous envoie toutes mes plus douces pensées. Nous ne nous rencontrerons probablement jamais et pourtant ce soir, je me sens proche de vous et vous adresse toutes mes condoléances. Au revoir, cher Monsieur de Waal. Merci d'avoir permis à votre pensée de parcourir les continents et de résonner aux quatre coins du monde dans le coeur de nombreuses personnes, dont moi. Merci pour votre généreuse sagesse. Bon voyage, Monsieur de Waal. Embrassez de ma part Mama et tous les autres.